Après de longues semaines d’absence, « Sélection » est de retour cette semaine pour vous présenter notre coup de coeur de la semaine. Une semaine qui aura notamment marqué le retour du S-Crew, mais qui nous aura aussi apporté deux projets sudistes, A l’aube de Soso Maness et Ce Bon Vieux Veuveu, plutôt intéressant. Le premier aura su apporter un album bien plus intéressant en terme de fond que beaucoup d’autres de ces confrères têtes d’affiches, tandis que le second aura confirmé à ceux qui en doutaient encore qu’il méritait sa place dans les meilleurs rimeurs francophones. Deux sorties réussis, quoi qu’entaché de quelques choix de productions douteux, mais sur lequel nous n’épiloguerons pas plus. Laissons donc les rues ensoleillées et malfamées du 06 et de Font Vert pour nous plonger dans l’univers sombre et glitché de l’EP Dirty Synths and Nice Bars.

Fruit de la collaboration entre le rappeur Irko et la beamakeuse Meel B, ce projet s’annonçait prometteur sur plusieurs points. Tout d’abord, l’idée de voir deux éléments ayant déjà montrée un beau potentiel, le premier à travers son très bon Ghillie in the Mist et la seconde à travers ces différents placements toujours réussi auprès des artistes de la New Wave, ne pouvait que susciter de l’attente chez nous. Mais si l’annonce de ce projet nous a autant excité, c’est aussi et surtout pour le goût commun des deux artistes pour des sonorités sortant des carcans musicaux.

Des attentes d’expérimentations musicales attisées par l’évocateur titre Dirty Synths and Nice Bars et qui se sont vues finalement confirmé à l’écoute de ce projet. En effet, durant un peu plus de sept minutes, l’EP va nous transporter dans un univers sonore aussi fourni que singulier qui ne prend assurément pas l’auditeur par la main. Du refrain aux airs de pont dans M2 aux incessants glitchs synthétiques de Faze move, rien n’est fait de manière à ce que l’on soit dans sa zone de confort. L’exemple le plus parlant restera le début du titre Jeu en ligne qui, après nous avoir caressé dans le sens du poil avec quinze petites secondes de mélodies et de sample de voix frôlant la pop, laisse place à un piano stridants et des basses grésillantes. Un tapis musical sans concession fait de multiple contre-pieds sur lequel on va retrouver un Irko en pleine forme. Avec des textes référencés et des flows décousus, le natif de Tirana va ainsi apporter juste ce qu’il faut à la proposition déjà très fourni de ce projet.

De cette association entre les productions de Meel B et les prestations de Irko va finalement donner un EP unique en son genre, faisant le pari d’un grand écart audacieux entre chef d’oeuvre et brouillon. Une sorte de chaos parfait donnant l’impression de ne jamais vouloir synthétiser et organiser ses idées, nous laissant un fourre-tout miraculeusement cohérent. Vous l’aurez donc compris, on vous conseille vivement ce projet qui, de par sa faculté à constamment experimenter, nous a fait un bien fou dans un rap français qui s’est ces derniers temps montré un peu trop frileux à notre goût.

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