Mala – Saoudien

Dans les nombreux artistes ayant marché dans les pas de la longue et impressionnante carrière de Booba, Mala y tient une place à part. Celui-ci symbolise en effet à lui seul le tournant artistique pris par le Duc lorsque celui-ci a décidé d’embrasser l’autotune avec 0.9. Une autotune qui est justement devenu la marque de fabrique de Mala. Celui-ci s’est en effet créer une vraie identité vocale forte composée d’une voix robotisé allant cherchant toujours plus loin dans les extrêmes. Une interprétation que l’on retrouve tout au long du premier et seul véritable album de sa carrière : Himalaya. Un album qui a marqué de nombreuses personnes de par sa singularité, mais qui a également marqué le début d’une longue absence de l’artiste. Une période d’absence qui dure depuis maintenant 11 ans avec seulement un projet sorti compilant les morceaux de sa carrière. Une attente bien longue pour le public de Mala qui attend désespérément Diamant Noir, un EP longuement teasé, mais maintes fois reporté.

Un artiste à l’identité musicale bien marqué qui nous a offert cette semaine Saoudien. Un nouveau titre dans lequel on y retrouve enfin Mala et sa voix si particulière aux accents déchirants. Une voix au service qui sert le discours plein de rage d’un OG toujours hors de la marge. Un texte dans lequel l’artiste y jette ses ambitions, ses doutes et ses remords dans un titre fort. Un ensemble complété par une production signé JP OVAPROOF où les chœurs mystiques côtoient les percussions traps pour donner un ensemble aux accents solennels. Une ambiance musicale qui rappelle forcément l’époque où Thérapie donnait le la au rap français et qu’il fait du bien de réentendre après plusieurs années.

Un morceau dans le pure style de Mala qui, certes ne plaira pas à tout le monde, du fait de la spécificité de la proposition, mais qui ravira à coup les amateurs de ce style. On espère maintenant que Diamant Noir arrivera sous peu pour enfin pouvoir mettre un terme à cette longue période de vide musical.

https://www.youtube.com/watch?v=CQ-6DYwShMU

Tengo John – Notreamourémor ?

Lorsque l’on parle des futurs grands de ce rap français, on a souvent tendance à oublier le nom de Tengo John. Pourtant, celui qui s’était révélé à travers sa trilogies des Trois Sabres est sûrement un des plus doués de sa génération. En effet, l’artiste, malgré son jeune âge de 22 ans, a déjà une longue discographie derrière lui s’étendant depuis 2013. De nombreux projets qui ont permis à l’artiste de se perfectionner, passant d’un jeune rappeur tentant énormément à un artiste complètement maître de son art. Un long parcours qui commence à porter ses fruits avec deux derniers projets, Multicolore Mixtape et Hyakutake, ayant acquis un joli succès d’estime.

Depuis, l’artiste s’est remis au travail pour nous livrer Temporada, une nouvelle mixtape dont on connait déjà deux extraits : Téléporter et Décontenancé. Deux titres à l’ambiance mélancolique semblant être rattaché par un thème commun : une mystérieuse rupture amoureuse. Avec Notreamourémor, l’artiste nous offre un troisième single de cette future mixtape dans la lignée de ces deux précédents. On y retrouve un Tengo John jonglant habilement entre une voix autotunée et naturelle. Une interprétation servant un texte mélancolique et nostalgique, se rappelant avec regret les souvenirs d’une relation maintenant fini. Une ambiance morose allant avec une production aux accords de guitares mélodieux signée ChillingCat.

Un titre réussi donnant une preuve à ceux qui en avait encore besoin que Tengo John est bien un des jeunes artistes les plus prometteurs. À voir maintenant si celui-ci réussira à confirmer à travers sa mixtape Temporada prévue pour le 28 février.

Ill – Hall of Fame

Certaine légende ne meurt jamais, et c’est le cas de Ill AKA Hill. G. Un rappeur qui a marqué le rap français à tout jamais à travers un morceau mythique : Retour aux pyramides. Un morceau se trouvant sur la BO de Ma 6-T va crack-er avec lequel les X-Men, nom du duo que Ill forme avec Cassidy, vont tout simplement écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du rap français. Un morceau formé d’un simple egotrip qui va faire éclater l’incroyable talent du duo à la face du rap. Ainsi, entre technique à la pointe de son art, florilège de références et attitude on ne peut plus maîtrisée, le duo nous offre une performance qui va devenir référence. Un titre légendaire qui ne sera malheureusement pas suivi d’une carrière à la hauteur de son immense talent. Celui-ci va en effet ensuite navigué entre problème avec les maisons de disques, multiples séparation et reformation du duo et échecs commerciaux. Une carrière certes, irrégulière, mais qui a tout de même accouché de classique comme Jeunes, coupables et libres en groupe et Ainsi soit Ill en solo.

Un immense rappeur qui, après une très grande absence de maintenant quatorze nous revient enfin avec Hall of Fame. Une longue période d’absence qui n’a pas érodé le talent hors norme de l’artiste. En effet, celui-ci nous offre avec ce titre une masterclass de son style, entre punchline inspirées et flow élastique saupoudré d’une attitude à la fois nonchalante et insolente. Le tout nous donne comme résultat un egotrip grandiose que lui seul sait si bien le faire. Une performance accompagnée d’une production amenant un groove se mariant parfaitement avec l’attitude de l’artiste. Une production séant parfaitement à l’artiste qui a en plus le mérite de ne pas sonner daté, malgré le fait qu’elle reprenne une esthétique à l’ancienne.

Un retour triomphale pour Ill qui malgré son âge reste toujours à la page. Un titre qui annonce R.A.P qui devrait sortir selon les dires de l’artiste en juin de cette année. Un album qui, s’il continue dans cette voie, pourrait s’avérer être une des belles surprises de cette année 2020.

Ashe 22 – Freestyle Krew 69

Nous vous avions déjà parlé du collectif Lyonzon à travers Gouap et nous allons récidiver en vous parlant aujourd’hui de Ashe. Comme nous avions déjà quelque peu présenté le groupe à cette occasion, nous vous renvoyons vers notre article sur Switch 2 de Gouap si vous voulez en savoir plus sur le collectif. Mais revenons à Ashe si vous le voulez bien. Un rappeur qui s’est imposé grâce à un style bien reconnaissable où celui-ci couple une voix grave et posée à des productions au style No Melody. Une recette inédit en France que l’artiste a d’abord testé sur Soundcloud avec des titres comme Brr pour ensuite la convertir en projet avec deux premières mixtapes sorties ‘année dernière. Deux projets qui lui ont permis de devenir un de membres les plus reconnu de Lyonzon.

Après un peu plus de deux mois sans nouveaux titres, Ashe nous revient avec un freestyle pour le média Krew. Un titre où l’artiste nous donne un parfait exemple de son style bien caractéristique avec une ambiance sombre et crapuleuse. Une ambiance apporté par une production où la seule mélodies est un piano aux notes saccadées et répétitives. Une mélodies minimaliste accompagnée de puissantes basses et de hi-hats rappelant les rythmes ternaires de la drill UK. Une instrumentale parfaitement calibré pour Ashe qui est l’oeuvre de GG, beatmaker du collectif s’étant spécialisé dans ce genre de prod. Une production que Ashe va se faire un plaisir de découper à l’aide de sa voix grave, le tout relevé par quelques punchlines bien épicées. Un egotrip teinté de son style bien particulier qui installe une atmosphère à la fois gangster et inquiétante.

Une vraie démonstration de la part de Ashe qui nous démontre que dans ce style, peu de personne sont à sa hauteur. On attend en tout cas avec impatience la prochaine mixtape de celui-ci qui, l’on l’espère, sera tout aussi réussie que ce morceau.

https://www.youtube.com/watch?v=m4LxIKNFmr4

David Okit – Belek

Pour conclure les Weekly Rap FR de cette semaine, parlons d’un très jeune rappeur de 19 ans : David Okit. Originaire de Belgique, celui s’est révélé à travers un freestyle Instagram organisé par le beatmaker Ghost Killer Track. Un freestyle dans lequel on retrouve tous les ingrédients qui font l’essence du style David Okit : une prod moderne, un flow efficace et enfin, le plus important, un egotrip plein de second degré. Une recette payante qui a convaincu le public, mais pas seulement. Quelques mois plus tard, le label Poulidor décide en effet de signer le jeune artiste sur son label. Une signature après laquelle l’artiste a continué à sortir plusieurs singles avec une claire volonté de se diversifier. Un élargissement dans la palette de l’artiste qui s’est notamment vu avec des mélodies bien plus présentes que sur ses anciens titres.

Une tendance qui se confirme dans le dernier single de l’artiste intitulé Belek. On y retrouve sur celui-ci un David Okit ayant laissé tombé le flow trap de ces débuts pour revêtir le costume de mélodiste. Un costume qui lui va comme un gant, en témoigne un refrain on ne peut plus efficace qui rentre en tête dès la première écoute. Un sens de la topline qui sert de support à un egotrip typiquement David Okitesque parsemé de punchlines savoureuses. Mention spéciale à celle qui ouvre le morceau : J’suis le singe le plus cool du monde, demande à H&M. Un texte dans lequel le rappeur aborde également la question de son nouveau statut dû à sa célébrité, faisant un constat de sa nouvelle situation. Un egotrip mêlé à différentes réflexions complété par une production sobre et efficace composée par le producteur The Flashtrack.

Un morceau léger et efficace qui montre que l’artiste a un grand potentiel, notamment vers une audience plus grand punlic. Un potnitel dot l’artiste a conscience, lui qui a de grandes ambitions symbolisé par cette phase Avant, j’étais dans la trappe, aujourd’hui, j’suis dans la pop. Demain, je serais dans le rock, demain, je serais une rockstar. Une position que l’artiste pourrai bien rapidement atteindre s’il continue dans cette voie.

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