Nicki Minaj – Yikes

Il fut un temps, quelques années auparavant, où un reine régnait en maîtresse sur le royaume du hip-hop. Passant de hit en hit, celle-ci écrasait la concurrence tant est si bien toutes ses rivales étaient forcées de lui porter allégeance. Mais un jour, alors que son autorité paraissait vouer à perdurer à jamais, une outsider apparu. Bien que moins doué que la monarque, celle-ci ne manquait en revanche. S’ensuivit alors une bataille épiques qui finit par donner raison à la nouvelle venue qui prit la place de la reine de toujours sur le trône. Une place gagné par la plus jeune grâce à un artefact sur lequel la reine de toujours n’a jamais pu mettre la main : un album cohérent et maîtrisé de bout en bout. Depuis, la reine déchue est comme exilée, se perdant entre élucubrations et palabres futiles, impossible de reconnaître sa défaite.

Vous l’aurez compris à travers ce magnifique conte digne des plus grands écrivains que nous allons parlez aujourd’hui de la reine déchue Nicki Minaj. Une artiste qui malgré sa côte en berne a encore de beaux restes, ce qu’elle nous prouve avec son nouveau single Yikes. Un titre dans lequel on retrouve une Nicki Minaj kickeuse comme on l’aime dans un tranchant egotrip. Un texte dans lequel l’artiste règle ses comptes, notamment avec les personnes négligeant sa place dans le rap. Mais les plus grosses piques sont réservées à son ex Meek Mill Meek avec notamment cet assassin Soon as niggas press you, boy, you throw up peace signs. Un egotrip revanchard qui est produit par Pooh Beatz amenant une mélodie minimalistes accompagnée de basse bien présente.

Un ensemble qui nous donne un morceau réussi plein de hargne qu’il nous fait plaisir d’entendre. Une sortie de retraite qui n’annonce que du bon, et surtout si c’est pour reprendre le mike de cette façon. À surveiller donc …

Lil Tecca – IDK

Si je vous dis I got black, I got white, what you want ?, il est probable que vous soyez soit déjà en train de chanter la suite, soit en train de m’insulter de vous l’avoir remise en tête. Et pour les 0,1 personnes pour qui ses phrases n’ont rien réveillé en vous, laissez moi vous présenter Ransom. Plus gros tube de l’année 2019 avec Old Town Road, celui-ci est l’oeuvre de Lil Tecca, même pas encore 18 ans et déjà sur le toit du monde. Un rappeur sorti de nulle part avec ce tube à la prod simplissime, aux paroles fantasmées (je vous conseille d’ailleurs son hilarante interview chez Genius) et à la mélodie furieusement efficace. Un hit sur lequel l’artistea ensuite capitaliser en sortant plusieurs autres singles qui l’ont l’amené à sortir un premier projet nommé We Love You Tecca. Une montée vers le succès vertigineuse pour un artiste qui va devoir maintenant repondre à la question que tout le monde se pose, saura-t’il tout simplement durer ?

Une réponse à laquelle je n’ai, pas plus que vous, la réponse. Mais une chose est en tout cas sûre, c’est que l’artiste nous a livré cette semaine un nouveau single répondant au nom de IDK. Un morceau dans lequel l’artiste semble sortir des paroles quelques peu superficiels de son premier album pour aborder un sujet qui l’a forcément frappé de plein fouet : la célébrité. Ainsi, on y retrouve les clichés du gangsta-rap utilisé depuis longtemps par l’artiste, mais qui, maintenant qu’il peut vraiment y avoir accès, remet en question. Une nouvelle approche illustré par cet enchaînement de phase Don’t know why she on me. Your bitch say she want me. Deux phases passant du personnage fictif utilisé dans ses egotrips au vrai Lil Tecca montrant bien l’espèce de schizophrène dans lequel l’artiste se trouve. Un texte qui est accompagné d’une production composé par l’artiste lui-même alliant boucle de guitare et basse pachydermiques.

Un morceau classique dans la forme, mais qui annonce peut-être un vrai changement pour Lil Tecca dans le fond. Une écriture qui pourrait bien être le début d’un prolongement du style Lil Tecca. Seul l’avenir nous dira si l’artiste parviendra à échapper à ce destin de one hit wonder que tout le monde semble lui promettre.

Meeky Mill – Letter to Nipsey feat Roddy Ricch

Pour notre troisième morceau, je vais me permettre une petite entorse au règlement. Le morceau que je vais vous présenté est en effet sorti la semaine dernière que j’avais déjà chroniqué. Mais malheureusement, pour cause de tournoi des 6 nations (allez les bleus), je n’ai pas eu le temps de finir de chroniquer le reste des morceaux de la sélection que je n’ai donc pas sorti. J’espère donc que vous me pardonnerez, public adoré, cette petit tricherie qui restera, j’en suis sûr, entre nous. Sur ce, bonne suite de lecture !

Le troisième morceau de notre sélection est quelque peu particulier car il rend hommage à Nipsey Hussle. Immense rappeur de Los Angeles, celui a malheureusement perdu la vue sous les balles d’un drive-by en début d’année dernière. Une mort tragique qui avait émue le monde du rap, secoué par la disparition d’un artiste qui représentait mieux que quiconque les valeurs du hip-hop. En effet, tout au long de sa carrière, Nipsey Hussle a porté un message d’élévation sociale à travers le travail et la communauté. Un message fort et inspirant que l’artiste incarnait également dans ses activités extra-musicales avec une grande implication dans la vie de la communauté afro-américaine à travers plusieurs actions. Un artiste porteur de valeur qui, s’il est longtemps resté un artiste de l’ombre, a laissé derrière une discographie fourni conclu par le puissant Victory Lap.

Un artiste extrêmement important pour la culture hip-hop à qui Meek Mill et Roddy Ricch rendent hommage à travers Letter to Nipsey. Un morceau composé de deux couplets touchants reliés par un refrain mélodieux et déchirant de Roddy Ricch. Deux textes qui, malgré leur thème tragique, arrive à distiller quelques gouttes d’espoirs. Un état d’esprit symbolisées par cette punchline concluant le couplet de Meek Mill : And as the Marathon continue, we keep running en référence à la série de mixtape du défunt. Un morceau hommage produit par Papamitrou qui nous offre une prod typiquement West Coast complétant parfaitement cet hommage vibrant. Un producteur à l’histoire un peu particulière. Celui-ci s’est en effet fait signé sur le label de Meek Mill après avoir passé de longues années à produire des type beat … Meek Mill. Une belle histoire de Hustler qui aurait, à n’en pas douter, bien plus au défunt.

Pour conclure sur ce morceau, les deux artistes vont offrir, en plus de leur bel hommage, l’intégralité des revenus générés par le titre à la famille. Un beau geste qui conclut en beauté un titre rempli d’émotions et de symboles qui rend hommage comme il se doit à cette légende du rap. R.E.P Nipsey.

Dababy – Shut Up

Si je vous demandais quel artiste a, selon vous, marqué le rap américain l’année dernière, il est fort probable que vous me répondiez Dababy. Un rappeur que j’avais déjà brièvement lors de l’introduction de ma sélection des cinq projet peu connu de rap américain sorti en 2019. Si vous voulez donc en savoir un peu plus sur ce personnage haut en couleur, je vous redirige vers ladite article.

Mais bref, après cet instant promo, il est temps de rentrer dans le vif du sujet : le dernier morceau de l’artiste Shut Up. Un morceau au titre évocateur qui est tout simplement une injonction adressé à tous ces détracteurs, notamment ceux venu du net. En plus de ce message plus général, l’artiste revient également sur son actualité avec un You lookin’ for a lawsuit, pullin’ out your camera. Didn’t think I saw you. Une phase faisant référence à un incident qui avait vu le rappeur remettre à sa place un employé d’hôtel qui avait tenté de le filmer lui et sa fille. Plusieurs messages qui prouve que, si Dababy est maintenant devenu une star, il n’a de loin pas perdu son franc-parler. Des paroles pleines d’insolences accompagnés d’un egotrip typique du personnage Dababy, entre adlibs accrocheur, parole gangsta et second degré. Un ensemble pimenté d’une production à la flûte entêtante signée DJ K.i.D, qui avait déjà produit l’excellent intro de KIRK et ForeignGotEm.

Un morceau qui, s’il ne brille pas par son originalité, n’en reste pas pour autant extrêmement efficace. Une chose est en tout cas sûr, 2020 n’est sûrement pas l’année qui verra Dababy freiner sa folle course vers le succès, à notre plus grand plaisir.

Joji – Run

Pour conclure nos Weekly de cette semaine, parlons de Joji. Un artiste qui à lui seul représente la nouvelle dimension prise par le rap ces dernières années. En effet, que ce soit à travers sa musique triste tirant sur la pop ou à travers ses origines japonaises, celui-ci est l’exemple parfait attestant que cette musique est maintenant devenue globale, consommée et produite par tout le monde. Un artiste qui représente également tout le talent d’une nouvelle génération avec une musique sans frontière aux multiples influences. Une musique dans lequel on retrouve une véritable absence de limite musicale où le seule fil rouge est la mélancolie. Une émotion imprégnant une discographie encore jeune, mais déjà bien fourni avec cinq projets sorti depuis 2017.

Après une absence de six mois depuis son dernier single, l’artiste revient avec Run. Un morceau qui montre bien l’absence de limite musicale abordé plus tôt à travers un style rock assumé. Une esthétique que l’on ressent dès les premiers instants du morceau avec une guitare électrique lancinantes aux accords arpégés. Une guitare présente tout au long du morceau s’offrant même un solo endiablé de fin. Un arrangement musicale rock couplé à une interprétation qui va elle tirer vers la pop, avec une belle voix naturelle aux accents mélancoliques. Un mélange pop et rock qui va être le support d’un texte profond et poignant. Un texte dans lequel l’artiste va exorciser sa douleur causé par un amour non-partagé par la personne aimé

Un thème dure que l’artiste arrive extrêmement bien à mettre en musique, avec un mélange de deux styles sortant totalement du cadre du rap, mais qu’importe. Une vraie prise de risque nous donnant une ballade mélancolique réussie qui promet pour le futur album de l’artiste.

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