Après deux articles sur notre cher rap francophone, ouvrons quelque peu nos horizons pour notre troisième article d’été. Parce qu’il n’y a pas que le rap français dans la vie, voici donc cinq titres de nos confrères américains et britanniques qui ont rhytmé notre été. Bonne lecture !
HAZEY – Packs and Potions (prod Sphero Beatz)
Si vous suivez le rap britannique, vous savez comme nous que les artistes venant de Liverpool ne sont pas légions. Mais malgré tout, la cité des Reds pourrait bien avoir trouvé son champion en la personne du jeune HAZEY et son Packs and Potions.
Un titre qui, avant de connaître le succès en tant que morceau studio, tient ses racines du freestyle moins de 18 ans de BL@CKBOX. Ce jour là, le liverpuldien fait forte impression, livrant une prestation mêlant un phrasé marqué par le scouse et quelques références footballistiques bien senties, sublimée par une production drill UK festive de Sphero Beatz. Un coup d’éclat qui ne laissera personne indifférent, et encore moins TikTok, qui tiendra son rôle de nouvel eldorado du rap en changeant définitivement ce très bon freestyle en phénomène d’internet. Un mois après, ce succès était transformé avec la sortie d’une version longue, Packs and Potions qui recevra elle aussi joli accueil, permettant à HAZEY de signer chez Sony dans le label Columbia Records.
Une histoire comme en fait beaucoup internet mais qui, et ce n’est pas toujours le cas, nous offre finalement un très bon titre. Un coup d’éclat qui, on l’espère pour le rappeur de 17 ans, en appellera d’autres, mais qui pour le moment suffira amplement à faire notre été.
Vince Staples – WHEN SPARKS FLY (prod Frano)
Vince Staples a du talent, beaucoup de talent, mais il y’a un mais. Ce fameux mais, c’est une discographie en dent de scie faîtes de quelques grandes réussite, mais surtout de plusieurs albums jamais mauvais, mais ayant laisser une bonne partie de son public sur sa faim.
Et alors que peu de personne l’attendait encore, c’est en 2022 que le natif de Long Beach a décidé de livrer ce qui pourrait peut-être bien être son meilleur album. Une excellente surprise qui nous a également livré un des meilleurs titre de l’année : WHEN SPARKS FLY. Porté par un magnifique sample réinteprétant le No Love de Lyves, il nous plonge dans une ambiance lente et nostalgique, typique des soirées de fin d’été. Une mise en musique excellente, que l’on doit d’ailleurs au producteur Frano, mais à laquelle il serait dommage de s’arrêter. Car si le morceau peut effectivement être apprécié par une oreille distraite, il serait dommage de passer à côté du texte ciselé du rappeur californien racontant, derrière le récit de facade d’une amourette, la relation d’une arme à son propriétaire.
Un morceau qui allie parfaitement forme et fond et qui saura, en définitive, autant contenter les auditeurs moins investis que les magnas de la plume. La fin d’été approchant, on vous conseille vivement d’intégrer WHEN SPARKS FLY dans vos playlists, histoire de pouvoir profiter des derniers rayons de soleils estivaux.
Doe Boy – PEP IN MY STEP (prod 30 Roc)
Après une année 2021 où on ne l’aura vu que sur quelques singles occasionels, Doe Boy a su contenter ces auditeurs en 2022. 8 mois après le début de l’année, le rappeur de Cleveland en est en effet déjà à son deuxième projet de l’année avec CATCH ME IF YOU CAN, sorti 7 mois après son album OH REALLY.
Deux très bonnes sorties qui confirme tout le bien que l’on pensait du protegé de Future et dont l’on a décidé d’extraire PEP IN MY STEP. On y retrouve dessus un Doe Boy particulièrement en forme, toujours aussi efficace dans ses flows et ses ad libs et livrant au passage plusieurs punchlines mémorables. Mention spécial à la référence à Eazy E à la fois pleine d’humilité pour la légende de NWA et insolente à souhait à l’égard de ses rivaux. Mais si l’on vous coneille ce titre comme bande son d’été, c’est aussi et surtout pour sa production. Un tapis sonore au bounce redoutable signé 30 Roc qui vous donnera à coup sûr l’envie de rajouter des suspensions à votre vieille twingo, ou pour les moins mécanos d’entre vous de simplement monter les décibels de votre système-son au maximum.
En bref, avec PEP IN MY STEP, Doe Boy nous offre le titre parfait pour ambiancer vos virées en voiture avec vos amis. Un hymne de ride qui saura, on en est sûr, trouver le chemin de vos playlists.
Jeshi – Protein feat Obongjayar (prod Earbuds, Jean Bleu)
Depuis la neuvième édition de nos Weekly US (format qui n’existe d’ailleurs maintenant plus chez nous), Jeshi en a fait du chemin. Alors qu’en 2020, nous vous conseillions de suivre attentivement le Londonien, nous avons eu le plaisir de le retrouver cette année chez nos confrères de Grünt pour une très belle prestation live.
Une jolie évolution qui l’aura amené à sortir Universal Credit, un des meilleurs albums britannique de l’année, et qui nous rend, il faut l’avouer, un peu fier. Mais trève d’auto-célébration et revenons à notre thème des titres de l’été avec Protein. Dévoilé un peu plus d’un mois avant Universal Credit, Jeshi nous a livré avec cette sortie un de ces titres les plus lumineux, en s’appuyant notamment sur la voix fluette du chanteur nigérien Obongjayar au refrain. Une éclaircie de courte durée, lorsque l’on tend un peu plus l’oreille. Le long de deux couplets, l’artiste va en effet nous livrer son expérience d’homme en redescente de protein. Un thème peu joyeux que l’artiste décrit avec finesse de son écriture toujours aussi imagé, donnant à la forme du morceau une teinte presque ironique, en forme de sourire forcé.
Grâce à sa proposition bipolaire, Jeshi réussit à nous offrir un morceau unique en son genre, pouvant à la fois accompagner vos débuts et vos lendemains de soirée. Un joli tour de force à côté duquel il serait dommage de passer.
Bolski – Upperhand (prod Antii)
Depuis début 2022, la scène de Los Angeles a su encore une fois nous apporter son lot de nouveaux artistes et projets intéressants. Une capacité de renouvellement qui perdure et qui impressionne, malgré d’immenses pertes tel que le très influent Drakeo The Ruler ou encore le grand espoir Young Slo-Be.
De véritables drames qui, on l’espère, n’en appelleront pas d’autres, même si l’on en doute malheureusement. Mais tentons de rester positif en parlant plutôt du titre d’un jeune rookie : Upperhand de Bolski. Sorti sur la chaine référence du rap de Los Angeles Thizzler On The Roof, on peut y retrouver deux ingrédients essentiels à un bon titre d’été à la sauce new LA. Tout d’abord, un sample de R&B des années 90, en l’occurence Hey Mr. D.J. du duo Zhané, mais aussi et surtout un couplet unique de deux minutes sans la moindre trace de refrain. Une recette parfaitement réalisé qui sera parfaitement complété de paroles contant le quotidien d’un gangster fataliste, dont le seul réconfort qui lui reste est de « sipp juice with the fam ».
Un récit malheureusement bien trop réelle, mais qui nous laissera au moins un morceau plus que prometteur pour Bolski. On n’attend maintenant plus que la confirmation par un long format pour le jeune rappeur, après IMPERFECTION sorti en début d’année.